Encourager le réemploi dans le bâtiment

Aujourd’hui, 70% des déchets produits en France viennent du secteur du BTP. Face à ce constat, de nombreux professionnels souhaitent développer des façons de construire plus durables, basées notamment sur le réemploi. Ce mois-ci, nous partons à la rencontre de Hugo Bonnet, Responsable technique Réemploi à Cycle Up, qui nous présente son métier. Tu es sensible aux enjeux de l’économie circulaire et à la nécessité de faire des villes plus durables ? Cet article est fait pour toi !

En quoi consiste votre métier ?

Hugo Bonnet : Mon métier a deux aspects principaux. D’un côté, je fais du conseil et des études sur le thème du réemploi. J’accompagne les personnes qui souhaitent utiliser des matériaux issus du réemploi dans leurs projets de bâtiment ou valoriser les déchets de leurs chantiers. Je vais me pencher sur des questions de conception ainsi que sur des enjeux juridiques et assurantiels, afin de s’assurer que la personne peut bien réutiliser tel ou tel matériau de façon sécurisée et qu’elle sera couverte par des assurances.

D’un autre côté, je réalise une veille continue sur les sujets de réemploi. C’est un milieu très innovant, qui évolue rapidement. Il est donc important d’être au courant de l’actualité du secteur. Je participe également à des groupes de travail divers sur le sujet, avec des partenaires de CycleUp. L’objectif est de participer à l’élaboration de solutions innovantes puis de les mettre en place de façon la plus complète possible sur nos projets.

En fait, une grande partie de mon travail consiste à sensibiliser sur le réemploi et à diffuser les bonnes pratiques, que ce soit auprès des porteurs de projet que j’accompagne, dans les groupes de travail, etc.

En quoi votre métier s’inscrit dans la transition ?

Hugo Bonnet : Il est urgent de changer nos façons de construire. Les émissions de carbone et la production de déchets issus de la construction sont catastrophiques, alors même que nous sommes dans une époque de tension sur les ressources. Il est temps de sortir de l’économie linéaire pour aller vers une économie circulaire.  

Le réemploi n’est pas nouveau dans le domaine du bâtiment. Par exemple, à une époque, les personnes utilisaient des pierres de châteaux forts abandonnés pour construire des maisons. Mais ces savoirs se sont perdus au fur et à mesure de l’industrialisation de la construction. L’enjeu aujourd’hui est donc de (re)diffuser les bonnes pratiques du réemploi.

Quel est votre parcours ?

Hugo Bonnet : J’ai fait un double cursus à l’école nationale des ponts et chaussées et aux MINES de Saint-Etienne, deux écoles qui forment des ingénieurs. J’ai choisi de me spécialiser dans le bâtiment. Une fois mes diplômes obtenus, j’ai travaillé pour Egis Rail au Maroc. Par la suite, j’ai été embauché à Bouygues Construction, à Hong Kong puis à Bristol, où j’ai travaillé sur une centrale nucléaire. 

Cependant, je ne trouvais pas vraiment de sens à mon travail. Je voulais avoir un emploi avec plus d’impact au niveau de la transition, qui soit en accord avec mes valeurs personnelles. C’est pourquoi j’ai repris une formation d’un an à l’École spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l’industrie (ESTP), dans un mastère spécialisé sur la construction et l’habitat durable. J’ai rejoint CycleUp suite à cette formation.

Quelles sont les compétences attendues pour exercer votre métier ?

Hugo Bonnet : Le réemploi dans le bâtiment est un sujet très technique, il faut donc avoir une grande connaissance à la fois des matériaux et à la fois des systèmes constructifs. Il faut comprendre ce que sont les matériaux, comment ils sont mis en œuvre, quelles sont leurs performances, etc. Les études qui permettent d’avoir ces compétences sont celles d’architecte ou d’ingénieur spécialisé dans la construction. 

Mon métier demande également beaucoup de volonté et des compétences pédagogiques. Mes collègues et moi-même sommes des personnes convaincues par le réemploi, qui aimons aller convaincre les autres. Ça demande aussi des compétences en relationnel humain et en sensibilisation.

Que pensez-vous d’un concours comme CUBE.S ?

Hugo Bonnet : La meilleure façon d’éduquer et de sensibiliser, c’est de faire participer. Un concours centré sur les usages, comme CUBE.S, s’inscrit complètement dans cette approche positive. Il est important que les personnes se sentent investies et impliquées dans des projets de transition, cela les encourage à diffuser les bonnes pratiques autour d’elles.

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